Historique de la commune
Prissac ne manque pas d’intérêt. Pour l’essentiel, citons son église construite au XII et XVème siècle, qui a fait l’objet de restaurations successives jusqu’à la découverte de ses peintures murales ; son musée avec ses 3 collections ; ses 3 châteaux, ses chemins de randonnées balisés ; ses 3 rivières et son étang qui invitent à la pêche.
Mais Prissac, c’est aussi une histoire qui nous a laissé ses traces.
Préhistoire et Antiquité :
L’occupation humaine sur le territoire de Prissac est très ancienne. Dans ses Recherches archéologiques dans les environs de Saint-Benoit-du-Sault, Elie de Beaufort note en effet qu’on a fouillé en 1843 un tumulus au niveau du Moulin Drap. Des morceaux de crâne humain, un tibia et d’autres os, ainsi que des morceaux de fer, longs et étroits y ont été trouvés. D’autres tumulus sont signalés dans les communaux du Carré par le docteur Ballet en 1905, ainsi que des “ateliers néolithiques” regorgeant de silex taillés de tous les types connus dans plusieurs parcelles proches de la Sonne.
Le lieu a été occupé également à l’époque gallo-romaine, puisque le nom de Prissac est sans doute un dérivé de Prissacus, qui signifie villa de Priscus.
Cette présence est confirmée par la proximité de la voie romaine reliant Argenton-sur-Creuse à Limoges ; celle-ci passe au Plaix, sur la commune de Sacierges-saint-Martin, avant de traverser l’Abloux puis la forêt de Saint-Benoît-du-Sault.
Au 4ème siècle, la région est évangélisée par saint Martin de Tours, ce qui explique que l’église actuelle lui soit consacrée. Sa partie la plus ancienne, le clocher, date du 12ème siècle.
Du Moyen-âge à la Révolution :
Au Moyen-Age, une partie des terres de Prissac appartient à la châtellenie de Vouhet-en-Poitou, qui dépend de la baronnie d’Angles sur l’Anglin. Plusieurs châteaux s’élèvent sur la commune :
Celui de Fontmorand est la propriété des seigneurs de Vouhet jusqu’en 1315, puis il passe à la famille de La Trémouille par mariage.
Au 16ème siècle, le seigneur de Fontmorand possède aussi le château de la Renonfière (ou Renoncière). Au 17ème siècle, le château de Fondmorand appartient au comte de Villemort. Son descendant émigre en 1792 et le château est vendu comme bien national. Le château se situait sur une motte, en contrebas du coteau, dans la vallée de l’Abloux. En 1850, il ne reste plus qu’une seule tour et les fossés sont comblés.
Celui de la Renonfière se trouvait au sommet du coteau. Il fut vendu comme bien national à la Révolution française et a disparu au 19ème siècle.
Celui de la Rochechevreux appartient à la famille de Chevreux au 13ème siècle, puis passe au 14ème siècle aux Couraud. En 1768, le château devient par mariage propriété de la famille de La Rochethulon qui le possède toujours aujourd’hui. Le bâtiment actuel a été remanié au cours des siècles. Les fortifications ont disparu. L’aspect général est celui d’un château du 17ème-18ème siècles, coiffé à la Mansart. Une chapelle néo-gothique renferme les sépultures de la famille de La Rochethulon.
Celui de la Garde-Giron. Son premier propriétaire connu est Alain Giron, époux de Catherine de Chauvigny (fille naturelle de Guy II de Chauvigny) mort en 1458. Il était compagnon de Jeanne d’Arc, dont la garde a été accueillie à la Breuille. En 1639, le château passe au seigneur de Villemort. En 1738, il passe à la famille de Lanet. Il garde un aspect de forteresse avec ses grosses tours aux quatre coins. Mais de grandes fenêtres à meneaux égaient sa façade sur la cour. Avec celui de la Rochechevreux, il fait partie des châteaux les mieux conservés de la commune. Habités, ces deux châteaux ne se visitent pas.
Une maison forte du XVe siècle est encore visible au Roc. Elle possède peu d’ouvertures sur l’extérieur et ses angles sont arrondis.
Deux bâtiments moins imposants existent aussi. Ils ont été édifiés par des communautés religieuses :
Le château de la Motte, ancienne commanderie des Augustins de Montmorillon, est un bâtiment rectangulaire flanqué de trois petites tours, dominant la vallée de l’Abloux, à l’Est de la commune.
Le château de la Charpagne est une ancienne commanderie de l’ordre de Malte, vendue comme bien national. Il en subsiste aujourd’hui un pan de mur et une tour. Les chapiteaux de la chapelle ont été réemployés dans les maisons du hameau du Prieuré.
D’autres petits bâtiments religieux existaient : le prieuré de la Plaine, fondé au 12ème siècle, dépendait de l’ordre limousin de l’Artige ; une chapelle était construite au lieu-dit l’Abbaye. Les deux ont disparu aujourd’hui.
Des foires sont attestées à Prissac depuis le 15ème siècle. Une halle existait sur la place de l’église. Un marché s’y tenait et le notaire pouvait y dresser des actes.
Jusqu’à la Révolution, la féodalité laisse des traces : la paroisse de Prissac était composée de deux parties : l’une relevait depuis 1650 de la généralité de Bourges tout en observant les coutumes du Poitou, l’autre appartenait à une enclave de la Marche, observait les coutumes de celle-ci et relevait donc de la généralité de Moulins. Le bourg de Prissac comptait, en 1688, 45 maisons, dont 26 en Poitou et 19 dans la Marche. Au XVIIIe siècle, on compte en moyenne 216 feux dans la partie relevant de Bourges et du grenier à sel de Saint-Benoit-du-Sault et 70 feux dans la partie relevant de Moulins et du grenier à sel de Bélâbre.
Le XIXe siècle :
Le XIXe siècle est l’époque où la commune fut la plus peuplée. Elle compte alors plus de 2000 habitants. Le cimetière, trop petit et trop proche des maisons, est déplacé à l’extérieur du bourg en 1810.
Prissac compte à cette époque de nombreux moulins à eau : 2 sur l’Abloux, 1 sur l’Anglin, 8 sur la Sonne. Ce sont pour la plupart des moulins à farine, quelques-uns à huile ou à tan. Le plus ancien attesté est celui de Montgenoux en 1254. Celui du Moulin-Drap fonctionnait encore en 1968.
La commune est aussi touchée au 19ème siècle par l’exode saisonnier des maçons vers la région parisienne, mais plus faiblement que d’autres communes (39 en 1836, soit 3,5% des hommes) Les maçons partaient de mars à la Toussaint surtout vers la banlieue ouest : Asnières, Colombes.
L’activité de la commune est essentiellement agricole : polyculture et élevage. Les vignes sont encore nombreuses. En 1812, on pratique aussi la culture du pastel (40 ares) pour la teinture et des betteraves à sucre (2 hectares).
Le bourg et les gros hameaux sont très actifs. On y trouve de nombreux artisans et commerçants : cabaretiers, maréchal-ferrant, marchands de bestiaux, boutiques, tailleurs, bouchers, boulangers, épiciers, notaire, quincaillier …
C’est au cours de ce siècle que la route de Bélâbre est percée à travers des jardins. Elle prend le relais de la rue des Gerbauds, qui jusqu’alors était la route principale venant de la Manzatte.
Le XXe siècle :
La commune est alors fréquentée occasionnellement par le journaliste-écrivain Gaston Chérau (1872-1937), membre de l’académie Goncourt. Il aime retrouver dans le Berry ses racines familiales. Une stèle est érigée à sa mémoire au cimetière de Prissac.
Lors de ses séjours, il a pu emprunter le tramway départemental reliant Saint-Benoît-du-Sault au Blanc, sur une distance de 41 km. La ligne, ouverte de 1904 à 1938, passe par Prissac ; elle contourne le bourg par le Sud.
Une gare, toujours visible, est construite. Le tramway favorise les échanges commerciaux, mais n’empêchera pas la chute vertigineuse de la population : de 1901 à 2016, la commune perd 1373 habitants ! Cette baisse est constante, on peut l’expliquer par la révolution industrielle : les usines se multiplient dans les villes et une partie de la population rurale quitte l’agriculture pour le métier d’ouvrier. Ce phénomène prend surtout de l’ampleur dans la première moitié du XXe siècle. Parallèlement, l’agriculture se mécanise et demande moins de bras.
En outre, les deux guerres mondiales ont causé la mort de nombreux jeunes gens et provoqué dans les années qui suivent un déficit de naissances important, puisque ces hommes étaient pour la plupart en âge d’avoir des enfants. 77 hommes sont victimes de la première et 10 de la seconde. Durant cette dernière, un important maquis s’installe sur la commune tandis que la secrétaire de Mairie, madame Androt, fournit aux Juifs réfugiés des cartes d’identité et des cartes d’alimentation ne portant pas le tampon ” Juif “, pourtant obligatoire. Elle détruit par la suite la liste de juifs de Prissac. Pour son action, Odette Androt a reçu le titre de Juste des Nations le 31 décembre 1998.
Pedro ABARBANELL, en vacances à Prissac en 1950 a su choisir les bonnes images pour décrire le travail des champs. Cliquez ici pour voir le reportage qu’il nous a laissé
Pour la récolte du blé, la locomotive mobile, la “batteuse” se déplaçait encore de fermes en fermes. Elle permettait de réaliser successivement la coupe, le battage et le stockage du blé dans les greniers. Elle nécessitait une présence humaine importante, rendue possible par l’entraide entre les fermes. En récompense de la pénibilité du travail, ces journées harassantes pleines de convivialité, se transformaient le soir, en fêtes, autour de repas mémorables préparés par les maîtresses des lieux.
Si vous aimez l’histoire
Si vous aimez les vieilles pierres,
Si vous aimez les balades à pied ou à vélo
Si vous aimez la pêche
Si vous aimez flâner
Si vous aimez les étangs
Venez goûter l’air pur de Prissac.